dimanche 10 mars 2013

Quelques témoignages et beaucoup d'émotion

3eme jours de vacances

Suite à la publication de ma lettre à Libé, j'ai espéré qu'ils viennent m'en demander un peu plus (grande naïve que je suis...). Seulement, faut pas déconner, les trisomiques, ça n’achètent pas de journaux vu que ça ne sait pas lire.

Mais la surprise ne vient pas de là, mais du nombre de mail, MP, messages privés que j'ai reçu pour me remercier. Tout à coup je me suis sentit tellement moins seule! Des familles, des mères, des sœurs, qui m'écrivaient pour me dire merci parce qu'elles se confrontaient aux mêmes problèmes que j'avais pu rencontrer.

Il y a longtemps, j'ai rencontrer la grande metteur en scène Ariane Mnouchkine. Un peu muet face à son talent, je n'arrivais pas à lui décrocher un mot... Et puis tout à coup je lui dis "Vous ne savez pas quelle honneur c'est pour moi de vous rencontrer aujourd'hui"
Et puis elle m'a regardée avec ses yeux bleues, et m'a dit cette chose sublime: "Chaque rencontre pour moi est un honneur. C'est moi qui ai beaucoup de chance de vous rencontrer"

Hier, en lisant tous ce messages, j'ai ressenti très profondément cette phrase. La confiance que me faisait ces gens pour me raconter leurs histoires, à travers une lettre, j'étais très émue...

Parmi ces lettres, par exemple, il y a l'histoire de Sandrine.

Sandrine a un petit frère, déficient intellectuel. Pire que les trisomiques parce que le manque d’oxygénation à la naissance, ça ne se lit pas à la naissance, tu n'as pas le droit à ta petite réflexion "Aaaaah... Ils sont pleins d'amour" avec un regard compatissant. Et oui, il y a des strates d’intégrations dans la déficience... Pas de bol, lui il a tiré la case "ça se voit pas sur mon visage...".

L'école à commencé par essayer de l’intégrer... Après 5 ans de maternelle, on conçoit de le faire passer au CP. Coloriage au fond de la classe, amuse toi petit pendants qu'on travail, nous, on n'a pas le temps de s’occuper de toi... Et puis un matin, On lui a dis qu'il allait en CLIS. Il était évident que cet enfant avait besoin d'un suivi particuliers mais non, on continue la scolarisation. Dans une classe stigmatisé par "tu as plus de mal que les autres, donc tu vas là", le pt'it gars encore plus en difficulté que les autres a fini par être le bouc émissaire. L'école c'est simple... Si tu t'intègres pas, tu te désintègres....

Aujourd'hui, il a rejoint un ESAT (foyer de travailleurs handicapés). Il y reste la semaine, rentre le week-end. Il a 22 ans, ce qui correspond sur une évolution émotionnel des personnes handicapés à 14-15 ans. Évidemment, il a beau eu passer par l'école, les structures adaptés, personne ne lui a expliqué que son corps allait changé, ce que c'était que les éjections, le désir, l'amour.... Ces gens là, n'ont pas de vie sexuelle, ce sont des enfants dans leur tête, enfin l'éduc, on te l'a jamais raconté????

Un jour, sans doute un peu dépassé par tout ça, il montre tout ça (diront-nous) en s'exhibant devant l'infirmière du foyer. Bon. Je suis pas psy, hein, mais l'infirmière, c'est quand même celle qui s’occupe du corps, qu'on va voir quand on a mal ou qu'on est malade... Donc dans sa tête, j'imagine qu'il y avait peu être quelque chose qui n'allait pas avec son corps... Enfin je sais pas mais moi, l'infirmière je trouva pas ça anodin...

Bref. Perso, moi ça m'est déjà arrivé avec une jeune fille au travail. Je lui ai dit: "Ariane, c'est pas interdit de faire ça mais c'est interdit de le faire devant tout le monde.". Je l'ai accompagnée à la douche, je l'ai aidée à se rhabiller puis ensemble, nous avons désigné un endroit où elle pouvait se cacher pour le faire si elle en avait vraiment envie... Depuis, il n'y a plus de problème.

Je sais aussi que dans beaucoup de structure accueillant des autistes, il y a carrément des salles de journées pour ça, avec tout ce qu'il faut: mouchoir, eau...

Donc, je m'attends à ce que dans cette structure connu et reconnu par le monde entier, on fasse pareil. Grande naïve que je suis.

Bah non.

Il a été invité à se rendre à la gendarmerie. Là on lui a fait un discours sur la "perversité de ses actes" et dans la mesure où les gendarmes ne pouvait rien faire de plus, il a été exclus quelques jours de son établissement. Mais attention! Si il recommence alors il sera renvoyé définitivement.

Donc, voilà le message qu'on vient de lui envoyer: "le sexe c'est mal, si t'y touches encore, tu vas devoir partir parce que tu es quelqu'un de mauvais"

Mais toujours pas de cours d’éducation sexuelle, toujours pas d'information, toujours pas de réponse aux questions....

Et si il y en a une qui tombe enceinte, il l'avorte d'office et l'empêche de revenir? A quand la castration chimique des handicapée??? Ce sera plus simple quand même!!!!

Je pars en vacances mais, si j'ai le temps, j'en profiterais pour vous raconter aussi l'histoire de Claire... Faites tourner ces pavés dans la mare, vraiment. Il faut que les choses changent...



6 commentaires:

  1. Je crois que la société ne se pose vraiment plus les bonnes questions (enfin si elle s'en pose encore)...

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  2. Il faut que la société comprenne que ce sont des adultes déficients, pas de grands enfants. D'ailleurs, eux, savent bien le dire : "Mais je ne suis pas un gamin, je comprends!"

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  3. Mon père et sa femme son éduc spé... Ce n'est vraiment pas un métier facile et lorsque je vois que certains au lieu d'aider, de leur expliquer les choses, les enfoncent, ça me désole!

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  4. Il y a vraiment des choses qui doivent changer :/

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  5. O.o j'en reviens pas de ce qui s'est passé pour ce jeune homme... Ca me semble pourtant tellement évident qu'on peut(et doit) leur expliquer ce qui se passe avec des mots qui-'ils sont tout à fait capable de comprendre...
    Je suis pas sûre de bien comprendre, c'est l'infirmière qui a portée plainte? Ou l'établissement? (remarque qu'au final, ça ne change pas grand chose pour le jeune homme.)
    :(

    Fait vraiment pas bon ne pas rentrer "dans les cases" dans notre société actuelle...

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  6. Je suis touchée par tout ce que tu écris et particulièrement ce article. Mais comment peut-on réagir comme ça ... Ce ne sont pas des enfants. Il suffirait de leur expliquer les choses. Ce n'est pas demander la lune quand même ? C'est aberrant.

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